Classes à Projet artistique (PAC) avec Claude Ber Rencontrer la poète ? Petit résumé... Claude Ber rencontre les élèves de Seconde 1 le lundi 10 janvier. Elle refuse l’étiquette de poète comme toutes les étiquettes du programme « les genres, le vers et la prose ». Il n’y a pas le vers et la prose, il y a la Poésie et la prose ! Et la poésie, ce n’est pas des vers, c’est le sonore de la langue qui a toujours un effet sur l’autre, celui a qui on s’adresse. C’est incantatoire, hypnotique ? Elle dit qu’elle est une poète et pas une poétesse car ce serait ringard. Et puis, en latin, le mot « poeta » est au féminin… On aurait tort de ne pas le mentionner. Elle est poète car elle écrit EN poésie. Elle pense que la poésie devrait d’ailleurs être présente partout –au lycée, en prison, en hôpital psychiatrique- et c’est pour cela qu’elle est ici face aux élèves : les élèves rient du parallèle lycée, prison, hôpital psy. Mais s’ils discutent, elle repartira car elle n’est pas un professeur : elle est contente d’être ici, devant les élèves : « vous avez plein de choses à conquérir » et elle aime cette énergie-là qui monte de la classe. Je reconnais la phrase des professeurs qui ont la vocation. En effet, Claude Ber est le pseudonyme notamment d’un professeur de Lettres Classiques qui enseigne aujourd’hui à la Sorbonne et à Sciences Po. Poétique et politique ? Nous avons des préjugés, les élèves aussi. « oui mais quand on écrit de la poésie, on n’est pas lu par tout le monde ». Un élève se demande même si un poète, ça vote… Claude ber renverse le paradoxe : écrire pour tout le monde, ce n’est pas égalitaire au contraire. C’est totalitaire de penser qu’on peut écrire pour tout le monde et imposer cela à tout le monde. Mais, elle se défend : « elle écrit pour n’importe qui ! ». Contrairement à ce que pense T..., il y a du politique dans le poétique. Poète dépouillé et zen A la question « combien de temps faut-il pour écrire un livre ? », Claude Ber affirme qu’elle est un poète à poubelle, un poète à corbeille ! Et puis, elle explique que chaque personne devrait se demander quel genre d’écrivain elle est. Certains écrivains comme Racine ou Stendhal ruminent sans cesse et finissent par écrire très vite. Certains utilisent des brouillons, même si aujourd’hui, avec l’ordinateur, c’est encore plus facile. Proust passait des heures à découper des petits papiers qu’il intercalait entre ses paragraphes ; Aujourd’hui, un petit copier / coller et tout est dans l’ordre. Il existe aussi des écrivains qui saisissent au vol le premier jet comme un don. Leur écriture est rapide comme celle de Marguerite Yourcenar. Bien sûr, il y a écrire et écrire. Une préface, un article sont rédigés en un tournemain, professionnel de l’écriture oblige. Mais si l’écriture cherche quelque chose de neuf, c’est long et difficile : il faut laisser « croupir le texte ». On trouve quelques morceaux qu’on griffonne et puis ça se structure… Les auteurs sont plus ou moins prolixes : Balzac et Hugo gardent tout ce qu’ils écrivent. Rabelais a une écriture foisonnante. Baudelaire a écrit très peu et son vrai et seul livre est le best seller « les fleurs du Mal ». C’est ce qui se vend le mieux après la Bible ! Mais Baudelaire a eu raison de se concentrer sur son œuvre : il meurt à 38 ans, aphasique, en Belgique. Il a beaucoup jeté de ce qu’il a écrit… Claude Ber jette beaucoup car cela procure un plaisir indicible que de déblayer et de ne garder que ce qui satisfait pleinement. 1 livre tous les 10 ans ! C’est la densité du Zen. Le zen, ce n’est pas être cool, c’est la densité méditative de l’instant. Etre présent au moment qui passe pour en extraire la substantifique moelle, la quintessence ! Croire que le zen veut dire être décontracté, c’est encore céder à la facilité des argots générationnels. Le zen, est bien plus que cela : c’est une catégorie des apprentissages de la sagesse bouddhique, comme les arts martiaux que certains élèves de la classe pratiquent. Pour être présent à l’instant, il faut commencer par faire le vide en soi, cela permet d’être plus réceptif. C’est de ce vide que procède les auteurs dépouillés ! Exprimer le plus en prenant le moins. Comments are closed.
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AuteurChristelle Abraham Valette Archives
October 2013
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