EXTRAIT1: Introduction du cours:
Comme le précise François Bon dans son entretien avec Sylvain Bourmeau pour Les Inrockuptibles, le roman Daewoo ne donne pas l’impression d’avancer sur « un terrain nouveau ». En effet, François Bon précise que Balzac auparavant écrivait déjà « des études sociales ». D’ailleurs, le roman renvoie également à Germinal de Zola. Toutefois, la particularité du roman de François Bon est qu’il ne pose pas l’identité d’un stéréotype : l’ouvrier. Au contraire, il illustre la perte d’identité de l’individu « ouvrier » tout d’abord et de la classe sociale qu’il représente ensuite. Pour les élèves, cette lecture de Daewoo suit l’étude de Germinal, qui a permis d’aborder l’univers des personnages naturalistes, donc aussi la représentation et les mythes d’une identité socio-professionnelle. Notre étude de Daewoo devrait permettre aux élèves de cerner ce qu’est le « roman » de François Bon, à partir d’horizons d’attente différents : ceux du procès, de la presse, de la sociologie, enfin celui de l’art romanesque réaliste et naturaliste, travaillé par les mythes. ... [...] EXTRAIT 2: Lecture d'un passage du roman et étude du lexique: [...] Ce sont ses mains qui cherchent à capter et à dire son expérience du chômage. Par des réflexes de sa condition, l’ouvrière cherche à dire le mal-être de son chômage par des gestes et en utilisant ses mains. Par ce biais, elle tente d’expliquer ce que signifie être « désœuvré ». Dans cet entretien, l’ouvrière est en situation paradoxale puisque la femme de l’ouvrage, de l’œuvre, nous a expliqué ce que signifie « être sans action ». Dans ces conditions, elle se retrouve dans l’incapacité de livrer son émotion. Des phrases étranges apparaissent comme : « c’est cela je dis l’angoisse ». Suit une autre tentative. « Des fois, dans la gorge, l’impression d’une boule de laine à avaler, qui ne laisserait plus rien passer. » Cette comparaison avec un élément du corps est également un recours aux sensations pour exprimer sa situation. Elle ajoute plus loin « ça vous prend dans la tête ». La présentation du corps de l’ouvrière suit le mouvement ascendant depuis ses mains jusqu’à sa tête, soulignant ainsi le lien irréductible qui relie ces deux entités dans le corps de l’ouvrière. Cela se termine par la mention de l’incapacité dans laquelle se trouve l’ouvrière de parler : « une langue que plus personne ne comprend ». L’angoisse de son désœuvrement est donc un ressenti qui touche son corps et son esprit et qui ne peut être verbalisée. L’ouvrière privée de ses mains est aussi privée de sa langue ! Ce dépouillement entraîne la dissolution de l’identité de cette ouvrière puisque nous remarquons qu’elle n’emploie pas du tout le pronom personnel « je » et préfère se cacher derrière le pronom indéfini « on » : « On parle aux copines, aux gens, on essaie d’avoir sa voix de tous les jours ». Lire la suite: dans la page des cours du menu (contenu protégé). |
AuteurChristelle Abraham Valette Archives
October 2013
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