Comme le dit M.Compagnon avant de commencer son cours sur le roman de Proust au Collège de France (accessible en podcasts: cliquez sur la photo pour accéder au site), le lecteur de romans doit avoir de la mémoire car le roman vit avec vous pendant quelques jours ou semaines au fil des dizaines de pages! Il existe plusieurs styles de lecture plus ou moins rapides qu'il faudrait détailler... Une autre fois! Au début, le roman décourage parfois à cause des descriptions ou des personnages secondaires qui se multiplient. Bonne nouvelle: les éditeurs publient aujourd'hui des romans en version abrégée, notamment les grands classiques. Vous pouvez ainsi vous faire une culture de base indispensable pour avoir quelques repères dans l'histoire de la littérature. Lire un roman en contexte aide à imaginer l'intrigue sans commettre de contre-sens: par exemple, Mme Bovary (et non Madame "de " car elle n'est pas noble...) monte "dans une voiture jaune" qui ne peut pas être un taxi de New York! Les épisodes ne se limitent pas au déroulement d'une action: les objets, les noms propres (onomastique), les mots à plusieurs sens peuvent indiquer des pistes, révéler une facette des personnages. C'est pourquoi les descriptions sont parfois plus vivantes que les actions si le lecteur y décèle un jeu de mots ou de l'humour. Relisez les descriptions sensuelles de la nature dans "Une Partie de Campagne" de Maupassant, voyez pourquoi la mine qui dévore les héros de Germinal s'appelle "le Voreux"... Enfin, l'intrigue est racontée par un narrateur qui est ou n'est pas un personnage de l'histoire. La personnalité de celui-ci, qui n'est pas forcément celle de l'auteur, influe sur la manière dont sont racontés les événements. Dans les romans épistolaires, chaque personnage donne un éclairage différent sur une action qui peut ainsi être plus saisissante. Voyez la surprise que Camus réserve à la fin de "La Peste", ou la folie du narrateur de "l’Étranger", ou le tutoiement de "La Chute". Lire des romans requiert mémoire et persévérance mais on se prend au jeu de l'imagination car, chaque mot, le style de celui qui raconte, nous lancent dans un écheveau virtuel qui repose sur notre faculté à imaginer le réel et l'irréel! Imaginez le virtuel, n'est-ce pas vivre plusieurs vies? Comments are closed.
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AuteurChristelle Abraham Valette ArchivesCategories
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